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Quelles sont les conséquences du changement climatique ?
16 January, by Tristan[ —]C’est un sujet dont parle assez peu, mais qui est essentiel. On entend plus les injonctions classiques façon « il faut faire quelques chose », avec son chapelet d’exigences parfois justes comme « limitez l’avion, la voiture et la viande » ou fantaisistes comme « pensez à effacer vos mails et faites pipi sous la douche ».
Reste qu’on a du mal à comprendre pourquoi il faut le faire. Le changement climatique a déjà des conséquences concrètes (comme fait que la grande majorité des années les plus chaudes sont arrivées ces deux dernières décennies) mais trop peu compréhensibles pour le citoyen lambda.
Une récente interview du climatologue Jean-Pascal van Ypersele, professeur à l’Université catholique de Louvain et ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), est de ce point de vue très intéressante, même si elle est porteuse de mauvaises nouvelles. En voici un court extrait :
Des zones de la Terre seront-elles bientôt inhabitables ?
Le dérèglement climatique se traduit par une hausse de la température mais aussi de l’humidité – sous l’effet notamment de l’évaporation des océans. Cette combinaison met les organismes vivants sous pression, car notre transpiration, qui nous permet de nous réguler, a du mal à s’évaporer. Si l’humidité est par exemple de 55 %, une température de 45 °C peut être mortelle pour les humains en bonne santé en quelques heures.
Avec 70 % d’humidité, une température de 35 °C est déjà considérée comme extrêmement dangereuse. Dans les bassins du Gange et de l’Indus, où vit un cinquième de la population mondiale, 15 % des habitants connaissent aujourd’hui régulièrement ces conditions de vie dangereuses. Cette proportion augmenterait à 75 % d’ici à la fin du siècle dans un scénario d’émissions très élevées.
Le travail et la vie dehors vont devenir insupportables dans des régions de plus en plus vastes et une part de plus en plus grande de la planète sera inhabitable. Les animaux et les végétaux souffriront aussi énormément, ce qui affectera la production agricole. Si l’on n’arrête pas cette machine infernale, des centaines de millions de gens devront fuir leurs terres pour survivre. Les plus vulnérables, souvent les plus pauvres, seront les plus touchés mais les autres ne seront pas indéfiniment à l’abri.
A la fin du siècle, dans un scénario d’inaction contre le dérèglement climatique, près des deux tiers de la population européenne pourraient être affectés chaque année par des événements climatiques extrêmes, contre 5 % sur la période de référence 1981-2010. Le nombre moyen de décès annuels dus à des extrêmes climatiques en Europe pourrait passer de 3 000 aujourd’hui à environ 100 000 au milieu du siècle et 150 000$ vers 2100, principalement à cause des vagues de chaleur.
Je récapitule :
- des zones importantes de pays pauvres vont devenir inhabitables ;
- Les rendements de production agricole vont baisser, ce qui va dire qu’on va avoir des famines ;
- On va donc avoir des déplacements massifs de population ;
- On risque donc d’avoir des conflits armés pour lutter contre la migration, le contrôle des fleuves (pour l’irrigation) ;
- Même sans cela, en Europe, le nombre de morts à cause de canicules vont être multipliés par 30 en 2050 (100 000 morts) et par 50 en 2100 (150 000 morts).
Pour comprendre comment ou pourrait en arriver là, pour saisir le fonctionnement du changement climatique et en avoir une vue d’ensemble, je vous recommande vivement de faire un atelier fresque du climat, qui repose sur les travaux du GIEC.
Ensuite, vous renseigner sur ce que l’on peut faire au quotidien pour limiter l’impact du changement climatique, avant qu’il ne bouleverse tout. Pour vous aider, voici ma démarche, entamée il y a plus de deux ans. Car oui, la démarche de chacun est importante, et chaque dixième de degré évité est une victoire.
Par quoi remplacer WhatsApp ?
13 January, by Tristan[ —]Bon, on va évacuer d’emblée ma colère en vous avouant que j’ai failli titrer ce billet « va te faire foutre, Zuckerberg ». Voilà, c’est dit, ça va mieux, on va pouvoir passer à la suite. Pourquoi suis-je en colère ? À cause d’une nouvelle bourde de Facebook, qui a après avoir acheté l’application de messagerie instantanée sécurisée WhatsApp, vient en toute logique de pondre de nouvelles conditions générales d’utilisation qui vont lui permettre de collecter des données personnelles (pour faire de la publicité ciblée). Au sein d’une messagerie sécurisée.
Comme le dit Raphael Grably, journaliste tech chez BFM :
Vous voulez utiliser WhatsApp sans livrer vos données à Facebook? Ce ne sera plus possible à partir du 8 février prochain.
Le très juste Michel Audiard disait « Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait ». Les fumiers aussi. Sauf que Zuckerberg n’a même pas l’excuse d’être con.
Depuis quelques jours, WhatsApp m’affiche un message me disant que dois accepter les nouvelles conditions juridiques et donc d’être espionné. Et je refuse. Donc je me prépare à quitter WhatsApp, d’autant que non seulement ils collectent les données, mais ils prévoient d’en faire encore plus à l’avenir[1] !
Mais par quoi remplacer WhatsApp, et sur quels critères ?
Aujourd’hui, il y a de nombreuses messageries instantanées disponibles. Comment s’y retrouver ? Heureusement, il existe des comparatifs :
- Le site SecureMessagingApps (qui ne mentionne pas les français Skred et Olvidio) ;
- Le tableau de Quarkslab sur Twitter ;
- La liste des données collectées par WhatsApp, Telegram et Signal sur l’iPhone (donne Signal grand gagnant)
Signal me semble être la meilleure solution, celle que je recommande à tous mes proches, et pas seulement parce qu’elle est recommandée par Edward Snowden (bis) ou Bruce Schneier.
Pour être sûr qu’un logiciel soit sécurisé, il faut que son protocole de chiffrement soit documenté et que son code soit ouvert. C’est le cas de Signal, coté serveur (AGPL v3) mais aussi pour Android, et iOS. Son protocole a été audité par un chercheur en crypto de l’ANSSI (la très sérieuse agence de cybersécurité du gouvernement).
Il y a aussi d’autres critères. Par exemple, WhatsApp était sécurisé, mais il était aux mains de personnes peu recommandables[2]. Signal, pour sa part, est édité par l’organisation à but non-lucratif Signal.org, qui est financée par des dons. C’est un signal (ahah) fort en terme de business model : là où Facebook collecte des données pour vendre des publicités ciblées, Signal.org n’a pas de but lucratif.
La taille (du réseau) ça compte
« Oui, mais mes amis sont sur WhatsApp me suivront-ils ? »
C’est un point crucial. Les geeks connaissent la loi de Metcalfe, qui dit (je simplifie) que la valeur d’un réseau augmente fortement avec le nombre de personnes qui y sont connectées. C’est pour ça que quand un réseau est populaire, c’est très difficile de le déloger de sa position dominante. On a quand même réussi à se débarrasser du Telex et du Fax, donc il y a de l’espoir
Bref, pour que la migration vers un autre réseau soit réussie, il faut que vos amis vous suivent. C’est tout l’objectif du présent billet : Signal est le réseau qu’il faut recommander en priorité, et ce pour les raisons suivantes :
- C’est un bon produit, sécurisé et convivial ;
- Il est déjà populaire, en tous cas parmi les plus populaires
- Pousser un réseau en particulier, c’est lui donner plus de chance d’émerger et de déloger WhatsApp.
Mais rassurez-vous, la beauté de la chose est que vous n’avez pas à choisir entre Signal et d’autres comme Telegram ou Wire : vous pouvez installer plusieurs applications sur votre téléphone. Mais je vous encourage à indiquer que c’est Signal que vous préférez[3].
Alors que faire ?
Voici comment je vois les choses, c’est à dire ce que je vais faire et que je recommande :
- Installer Signal sur son smartphone et encourager ses proches à le faire (franchement, c’est trivial et les deux apps se ressemblent beaucoup en terme de fonctionnalités) ;
- Changer sa bio WhatsApp (dans le menu Réglages) pour dire qu’on va fermer son compte prochainement et qu’on va vers Signal à la place, par exemple Quittons WhatsApp pour Signal pour éviter le pompage de nos données. Installe l’app Signal (ce compte sera prochainement détruit).
- Si on a des groupes/boucles (c’est mon cas) : créer des groupes équivalents dans Signal et annoncer dans chaque groupe WhatsApp la migration avec une deadline ;
- Contacter ses contacts importants / fréquents pour les prévenir du changement (voir ci-dessous) ;
- Le 8 février, fermer son compte WhatsApp ou désinstaller l’application (c’est moins bien mais c’est un compromis acceptable) ;
- Le faire savoir sur les réseaux sociaux ! (Twitter, LinkedIn, Facebook, Juste avant de fermer son compte Facebook
- Facultatif : hurler « Vas te faire foutre Zuckerberg » depuis sa fenêtre ouverte
BONUS TRACK, un exemple de message à copier / coller
Comme je sais qu’il y a parmi des lecteurs des gens aussi flemmards que moi, je reprends ici le message que Mozilette envoie à ses contacts, pour vous faciliter la vie :
Hello !
Juste pour t’informer qu’à partir du mois prochain je ne serais plus joignable sur WhatsApp
Tu me connais, j’aime faire gaffe à mes données et ne suis pas hyper à l’aise avec les dernières décisions de Facebook/WhatsApp (j’ignore si t’es au courant), du coup j’ai pris la décision de passer sur Signal App ! (Plus sécurisée, plus respectueuse de nos données que Whatsapp, et déjà utilisée par plein de gens en fait). Et si jamais avoir une app en plus sur ton téléphone est trop te demander, tu peux m’écrire par SMS ou email comme au bon vieux temps : 06 XX XX XX XX ou par mail sur blablabla@example.com
Et ne me cherche pas sur Facebook, je suis en train d’y supprimer mon compte aussi
Pour me joindre, ce sera donc dorénavant sur Signal !
On peut déjà commencer à se réjouir
En effet, Signal est en tête des téléchargements sur Android. En voilà une excellente nouvelle !
Je compte sur vous pour migrer et faire migrer vos proches sur Signal, qu’on arrive à desserrer un peu les griffes de Zuckerberg sur nos vies privées !
Notes
[1] Comprendre : « Pour l’instant, on ne peut pas vous entuber avec vos données à la hauteur de ce qu’on voudrait, mais on continue d’essayer ».
[2] Si vous avez un doute, je vous encourage à lire les 57 pages A4 de l’article Wikipédia Criticism of Facebook, votre doute devrait se dissiper rapidement.
[3] Note : cela va sans dire que je ne suis bien sûr pas rémunéré pour dire cela (mais ça va mieux en le disant).
La vision cornucopienne de Gille Babinet
December 2020, by Tristan[ —]Le temps me manque, mais je ne peux pas laisser passer un fil Twitter de Gilles Babinet sur la 5G et l’écologie qui me parait manquer — disons pudiquement — d’objectivité et de précision.
Allez, c’est parti pour un debunk express, forcément critiquable, mais nécessaire.
Gilles Babinet, entrepreneur du numérique et conseiller du très libéral Institut Montaigne, qui nous parle d’écologie, chouette alors ! Et, surprise, il s’oppose aux experts du climat du Haut Conseil pour le Climat qui vient justement de publier un rapport sur la 5G.
Contestables ? Allons donc. Mais encore ?
Pourquoi le volume de données par utilisateur augmente ? C’est une excellente question, mais je m’étonne que Gilles la pose, tellement la réponse est évidente : les débits augmentent, les usages nouveaux apparaissent avec ces nouveaux débits, et ils touchent une population de plus en plus large qui adopte ces nouveaux usages plus consommateurs. Donc les volumes par utilisateurs explosent. Pour le comprendre, il suffit de voir dans la rue les gens faire de la visio juste parce qu’ils le peuvent, à la place d’un simple appel téléphonique. À titre d’exemple, je mesurais hier un call vidéo avec Jitsi, j’étais à 1200 kO/s. Un appel vocal, c’est 8 kO/s, soit 150 fois moins. Voilà comment, pour un service comparable (permettre à deux personnes de se parler), on multiplie la consommation par 150.
Oui, c’est vrai que la durée de vie des terminaux s’allonge. Dans un sens, c’est une excellente nouvelle. Et en même temps, et c’est une véritable catastrophe que ça ne change pas plus vite que ça. La vraie raison est que les constructeurs ont bien compris que les gens changent de mobile soit parce qu’ils l’abiment (mais avec les smartphones étanches et les housses de protection qui se généralisent, c’est moins fréquent) soit parce qu’il est démodé. Et la 5G, c’est ce qui justement démode les smartphones… et permet d’en vendre des nouveaux en remplacement. C’est bien pour cela que c’est utilisé comme argument de vente par tout le monde dans le secteur… alors que le réseau 5G débute à peine son déploiement et peine à convaincre.
Les pages d’accueils des 4 principaux opérateurs mobiles français font toutes la promotion du passage à la 5G
Soyons clairs : le marché du smartphone est en plein ralentissement, et c’est une très mauvaise nouvelle pour les constructeurs, mais une excellente nouvelle… pour l’environnement.
En effet, si on regarde l’empreinte carbone d’un smartphone, on se rend compte que 90% de l’énergie dépensée sur son cycle de vie provient de sa construction, et seulement 10% lors de son utilisation. Cela fait que la meilleure façon de limiter les émissions de gaz à effet de serre dans l’industrie du smartphone, c’est de faire durer le plus possible le terminal. Le législateur l’a bien compris. En effet, si on se réfère à la proposition de loi sur l’impact environnemental du numérique, on voit que tout le chapitre II vise à « limiter le renouvellements des terminaux, principaux responsables de l’empreinte carbone du numérique ».
Et le 5G ne changement pas grand chose à cela car beaucoup de terminaux vendus sont déjà 5G ready (sic[1])
Je n’ai pas les chiffres sur la proportion de smartphones compatibles 5G, mais je doute que la plupart des terminaux déjà vendus et donc dans les mains des consommateurs soient 5G ready. À titre d’exemple, l’iPhone 12, premier iPhone compatible 5G, est disponible depuis 10 semaines seulement. D’autres fabricants comme Xiaomi, ont lancé des smartphones 5G bien avant, mais n’ont pas rencontré leur public vue l’absence totale de réseau 5G déployé en France.
En fait, la 5G change beaucoup de choses pour les fabricants avant tout ! Constructeurs de smartphones qui voyaient jusqu’à présent leur marché ralentir et espèrent le voir redémarrer, fabricants d’équipements réseaux qui voient ici l’occasion de relancer leurs ventes aux pays occidentaux déjà équipés en 4G. Pour eux, la 5G est une aubaine incroyable.
Oui, là je suis vraiment d’accord avec Gilles : il faut plus d’études sur les externalités, positives et négatives, du numérique… à condition qu’elles soient objectives. Et c’est là que le bât blesse…
Gilles enchaîne alors sur une étude :
Le problème des trop rares études disponibles, c’est qui les finance. Par exemple, celle citée ci-dessus l’est par la GSMA. Qui est GSMA (à part être l’organisateur du Mobile World Congress, le plus gros salon de promotion du mobile à Barcelone) ? C’est marqué page 4 de l’étude : ce sont les gens qui « représentent les intérêts des opérateurs dans le monde, ainsi que l’écosystème mobile, fabricants de terminaux, fournisseurs d’équipement, éditeurs de logiciels et entreprises de l’Internet ». Cela change-t-il quelque chose ? Oui, bien sûr, dans la mesure où ces cabinets, qui commercialisent leur travaux à prix d’or, s’assurent que les conclusions n’iront pas à l’encontre des intérêts de leurs commanditaires…
Oui, alors en fait c’est compliqué. Entendons-nous bien : je ne dis pas que Gilles Babinet ment ou qu’il a des actions chez les fabricants de terminaux ou les opérateurs. Je l’ignore et je lui fais confiance sur le sujet. Par contre, comme indiqué dans l’article qu’il mentionne, Gilles Babinet est entrepreneur et conseiller de l’Institut Montaigne, lequel est bien connu pour ses positions économiquement très libérales[2], c’est à dire empreint d’une certaine vision du monde.
Cette vision cornucopienne, qui estime que les innovations technologiques permettront à l’humanité de subvenir éternellement à ses besoins matériels, j’ai pu la partager en partie par le passé. Malheureusement, elle n’est pas compatible avec le changement climatique qui, comme je l’écrivais hier change tout. En effet, Gilles — comme beaucoup de gens de son âge et de son milieu professionnel — est encore ancré dans l’ancien paradigme où la croissance et le solutionnisme technologique nous sauverons.
D’autres, dont je fais partie, comme Jean-Marc Jancovici du Shift Project et probablement les autres membres du Haut Conseil pour le Climat, ont dépassé cette croyance et réalisé qu’elle n’était pas compatible avec l’impératif de réduire massivement (diviser par 6 !) nos émissions de gaz à effet de serre de façon à laisser une planète habitable à nos enfants.
À ce titre, ils sont en droit de questionner l’idée comme quoi en renouvelant toutes les infrastructures mobiles et tous les terminaux mobiles, en faisant exploser les usages et la bande passante, on va diviser par 6 l’empreinte carbone du numérique des français. Car c’est bien l’enjeu principal auquel nous devons faire face, en préférant les concepts de résilience et de frugalité à la croissance et au solutionnisme technologique.
Notes
[1] Je pars du principe qu’il a voulu écrire “le passage à la 5G ne changera pas grand chose à cela car beaucoup de terminaux son déjà 5G ready”.
[2] Cela lui a valu quelques controverses.
Le changement climatique, ça change tout !
December 2020, by Tristan[ —]Tout le monde aujourd’hui ou presque a entendu parler du changement climatique. Une infime minorité n’y croit pas, laissons les de coté. Prenons ceux qui savent que le changement climatique est en cours, c’est à dire toi, cher lecteur. Je me permets de te tutoyer parce que nous ne sommes pas si nombreux ici. Alors voilà, tu sais que le climat change. Et tu sais qu’il va falloir changer nos habitudes, nos modes de consommation. Bien !
Mais sais-tu à quel point il va falloir changer et pourquoi ?
Il y a une question que je pose souvent autour de moi (encore cette après-midi à quelqu’un que je rencontrais pour la première fois) :
Sais-tu quelle est ton empreinte carbone ?
La réponse 99 fois sur 100, est négative : on ne connait que rarement son empreinte carbone. Seulement voilà, l’histoire démontre qu’on ne peut bien changer que ce que l’on mesure. Et notre empreinte carbone est probablement la principale chose à changer dans les années à venir. Et pour ça, il faut la mesurer (c’est très compliqué), ou au moins l’estimer (c’est beaucoup plus facile).
Tiens, on va le faire maintenant, tu prends 5 minutes, et tu réponds au questionnaire de l’ADEME. Vas-y, je t’attends ici, ça va te prendre 5 minutes.
Ça y est, c’est fait ? (Je te rassure, même si ça n’est pas le cas, tu peux continuer à lire l’article).
Tu as trouvé un nombre de tonnes d’équivalent CO2 par an qui doit être quelque part entre 3 et 30. La moyenne française est entre 11 et 12 t[1].
Dans tous les cas, c’est trop. Je m’explique.
Le changement climatique en une minute
On sait depuis plusieurs décennies que le climat change et se réchauffe en moyenne. On a pris comme référence de température celle des débuts de la révolution industrielle, autour des années 1850. Pour l’instant, nous sommes à 1°C environ au dessus de cette référence. Idéalement, il faudrait éviter d’aller au delà de 1,5°C pour éviter de trop changer le climat. À 2°C de plus que la moyenne de 1850, on commence à vraiment changer le climat. Au dessus, ça vire à la catastrophe[2].
Par ailleurs, on sait calculer combien on peut émettre de CO2 pour rester en dessous de 1,5°C (ou 2°C). On sait combien on a d’habitants sur la planète, donc on sait combien chacun peut encore produire de CO2 pour rester dans les limites de réchauffement qu’on s’est fixé, entre 1,5°C et 2°C. C’est ce qu’on appelle le budget carbone.
Bref, de 11 à 12 tonnes de CO2 émis par français par an en moyenne, il va falloir passer à 2 t. Oui, il va falloir diviser nos émission de CO2 par 5 ou 6. En quelques décennies ! Voilà pourquoi j’estime que le changement climatique change tout… Cela nécessite de repenser plein de choses, en profondeur !
Voici un graphe qui explique combien on peut encore dépenser pour rester en dessous de 1,5°C :
On voit que plus on tarde, plus le changement doit être rapide. C’est un peu comme un virage qu’on doit prendre face à un mur : plus on tarde, plus il faut tourner le volant fort et subir d’autant plus la force centrifuge…
Ainsi, si on avait commencé à prendre le virage en 2000, il aurait suffit réduire nos émission de 4% par an pour rester à 1,5°C. Mais on a attendu 20 ans de plus, et pour y arriver, il faudrait les réduire de 7,6 % par an, ce qui est évidemment beaucoup plus difficile, presque 2 fois plus…
Voici les trajectoires possibles pour rester en dessous de 2,0°C :
L’objectif étant moins audacieux (mais le climat sera beaucoup moins clément), le virage sera un peu moins difficile à négocier.
Il n’en reste pas moins que même si on sait cela, et on le sait depuis très longtemps, on tarde à agir.
L’inaction jusqu’à ce jour
Voici par exemple la concentration de CO2 (principal gaz à effet de serre) tel que mesurée à l’Observatoire de Mauna Loa, avec les multiples engagements internationaux pour réduire les gaz à effet de serre.
On le voit, les engagements des États succèdent aux discours grandiloquents mais la courbe monte comme si de rien n’était.
Parallèlement, les travaux des scientifiques, compilés par le GIEC, sont sans appel : chaque dixième de degré évité compte.
Ce maudit virage, il va bien falloir le prendre, et soit on l’anticipe, on choisit d’y faire face, soit on va le subir, et le choc sera infiniment plus violent. On peut toujours nier les travaux des scientifiques, mais il est très difficile de négocier avec les lois de la physique et de la nature. Autrement dit, on n’échappera pas au changement, et la vraie question est de savoir si on choisit le changement ou si on le subit.
Ce que cela implique dans nos métiers
Alors que nous vivons dans un système capitaliste qui décrète que la croissance est absolument indispensable, on se retrouve avec l’obligation de réduire d’urgence nos émissions de gaz à effet de serre (GES), CO2 en tête.
Cela veut dire que toutes les décisions structurantes que nous prenons actuellement doivent être mises en rapport avec l’absolue nécessité de faire face au changement climatique. Et cela touche toutes les industries et activités humaines. Absolument toutes, soit parce qu’elles sont productrices de beaucoup de GES (logement, agriculture, transport routier), soit parce qu’elles sont en forte croissance et donc leur production de GES est en forte croissance aussi alors qu’il faut la réduire d’urgence.
Pour recourir à une métaphore, je pense à un paquebot dont la coque est pleine de trous, et dont les passagers qui ont des petits trous dans leurs cabine estiment qu’on peut les agrandir, puisqu’ils sont petits, alors que ceux qui ont des gros trous feraient bien de s’activer pour les boucher, sinon on va tous mourir. Bien sûr, une telle attitude est aberrante, inacceptable. Et pourtant, aujourd’hui, de trop nombreuses industries, de l’aviation à la 5G, veulent accélérer et déployer des équipements qui vont à l’inverse de ce dont l’humanité a besoin, à savoir plus de frugalité.
Il convient à chacun de regarder le problème en face, y compris pour son propre métier, et se demander si, face au changement climatique, qui est le plus grand défi auquel l’humanité doit faire face, son métier, son travail, vont dans le sens qui va permettre de prendre le virage ou si au contraire, son action en tant que professionnel mène l’humanité droit dans le mur.
Bien sûr, c’est difficile. C’est bien plus facile de s’énerver, de tomber dans le déni, de s’emporter contre les “khmers verts” et de traiter l’autre camp d’Amishs. C’est crétin mais c’est humain : les émotions ne sont pas toujours compatibles avec la raison. Pourtant, alors que je vois mes concitoyens et mes collègues s’emporter et nier le climat, je me souviens que le déni et la colère sont en fait les deux premières étapes du deuil du monde d’avant, qui permet ensuite l’acceptation du changement en cours, laquelle permet de trouver un nouveau sens au monde qui vient et de se mettre en action et y trouver sa place.
Notes
[1] Au passage, le top 1% des européens est en moyenne à… 55 t d’équivalent CO2 par an !
[2] Il faut que je revienne sur ce sujet dans un prochain billet, mais pour résumer, le changement climatique va amener 4 dangers : des famines, des réfugiés climatiques, donc des conflits armés et donc au final un impact négatif (euphémisme) sur la santé humaine.
En vrac du jeudi
December 2020, by Tristan[ —]Climat
- Bon Pote a remis ça, et c’est une vraie mine : Les meilleures sources sur l’Environnement et le Climat, tous niveaux confondus ! ;
- Changement climatique : sommes-nous impuissants ?, une belle table ronde avec Corinne Lepage (ancienne ministre de l’Environnement), Clara Gaymard (ancienne présidente de General Electric France), Marc Pontaud, directeur scientifique de Météo France ;
- Grosse lecture, mais ça vaut le coup : Mutation écologique, métamorphoses de l’action publique ;
- Au Conseil d’Etat, le gouvernement prié d’agir « maintenant » contre le changement climatique ;
- « Pour une banque centrale, ne pas incorporer les risques climatiques dans sa gestion des risques financiers serait très inquiétant » ;
- Royaume-Uni : les véhicules diesel et essence neufs interdits dès 2030 ?. En anglais : Ban on new petrol and diesel cars in UK from 2030 under PM’s green plan ;
- C’est l’illustration même de la loi de Brandolini qui explique qu’il est 10 fois plus rapide de dire une bêtise que de d’expliquer pourquoi c’en est une : Emmanuel Macron parle d’écologie et cela prend plusieurs heures à Bon Pote pour faire un article qui ‘débunke’ tout ça. Très franchement, quand je l’ai entendu dire « je ne suis pas pour un droit de la nature qui serait supérieur aux droits de l’homme », j’ai décroché : mon bullshitometre a explosé tellement c’était une mauvaise façon de cadrer le problème ;
- Émissions de gaz à effet de serre : le Gouvernement doit justifier sous 3 mois que la trajectoire de réduction à horizon 2030 pourra être respectée ;
- Climat : les petits agriculteurs attirent trop peu de financements pour pouvoir faire face. Pourtant, ils sont au nombre de 500 millions, font vivre 2,5 milliards de personnes et produisent 50 % des calories alimentaires de la planète. Seulement voilà, ce sont aussi les plus fragiles face au changement climatique ;
- C’est vieux (quelques semaines seulement) mais c’est à saluer : Scaleway rDCE : un indicateur de consommation pondérée (eau et électricité) pour les datacenters. Vivement que toute l’industrie s’empare de ça !
- Black Friday : cette année je prends conscience de ce que je consomme ;
- Oh, voici les dernières offres d’emploi au sein du réseau d’associations de la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette), avec des tas de jobs en rapport avec le vélo…
- Ouverture à Bourgoin-Jallieu de la 1ère station-service 100 % carbone compensé d’Auvergne-Rhône-Alpes…. Les mots me manquent pour dire à quel point c’est une connerie ;
- Ouverture de ShiftDeJob.fr, un site pour “où trouver travailler pour contribuer à la transition carbone & avoir un impact sur le climat”. Sympa d’avoir un outil pour éviter les bullshit jobs !
Technologie
- la CNIL va infliger une sanction de 100 millions d’euros contre Google. C’est confirmé : Vie privée: la CNIL inflige de lourdes amendes à Google et Amazon pour pratiques illégales. Mine de rien, ça fait quand même 100 millions d’euros pour Google et 35 millions pour Facebook, avec bien sûr l’obligation de changer leurs pratiques. Mais au delà des sommes (qui ne sont que symboliques pour ces géants aux profits qui se comptent en milliards par trimestre), c’est mauvais pour leur image de marque, surtout pour Google, qui est encore un peu sensible à ce sujet. Facebook, pour sa part, semble avoir abandonnée toute tentative de paraître honnête ;
- Pour 200$, on peut faire suivre quelqu’un par les caméras de surveillance de Moscou avec système de reconnaissance faciale. Question classique : qui surveille les surveillants ? Qui s’assure, dans un cas où la police a des pouvoirs extravagants, qu’elle ne fait rien contre la population et suit les règles ?
- L’extrême droite américaine encourage ses militants à quitter les réseaux sociaux et à aller sur un nouveau service, ‘Parler’.. Ce dernier est financé par la famille Mercer, financeur de Trump qui avait déjà financé Cambridge Analytica. Cette plateforme est intéressante car elle promeut la vie privée (mais combien de temps, avec quel business model ?) et n’a pas recours à des algorithmes de recommandation. Dans une certaine mesure, elle évoque un peu Mastodon, sans une fonctionnalité essentielle, à savoir son coté décentralisé ;
- Youtube va maintenant coller de la pub à des vidéos même si l’auteur ne le veut pas (et l’auteur ne touchera rien de l’argent généré à cette occasion). La monétisation des vidéos par les auteurs est réservés aux membre du Youtube Partner Program, qui exige plus de 1000 abonnés et 4000 heures de vues sur les 12 derniers mois. (Source) ;
- Why Social Media Is So Good at Polarizing Us. ;
- Lettre à mon ami complotiste , un bon papier qui démonte pourquoi les gens deviennent complotistes ;
- L’enjeu de la bataille du Libre : la réappropriation des savoir‐faire ;
- Les données de l’application de traçage australienne accidentellement collectées par une agence de renseignement ;
- Parler, the “free speech” Twitter wannabe, explained. Cette application, “Parler”, c’est un réseau social sans censure. Problème, on y retrouve des discours de haine, forcément, et en plus c’est financé par la famille Mercer, les mêmes qui ont soutenu Steve Bannon et Cambridge Analytica. Sur le berceau de Parler, ce ne sont pas des fées qui se sont penchées, mais de sacrées sorcières !
- Article passionnant : Meet GPT-3. It Has Learned to Code (and Blog and Argue). (le mode Lecture de Firefox permet de contourner le paywall) ;
- Le Parlement Européen vote pour le droit à la réparation, et c’est bien !
- Syndicalistes, gilets jaunes et militants écolos espionnés par Amazon en France. Voir aussi la source US : Secret Amazon Reports Expose the Company’s Surveillance of Labor and Environmental Groups ;
- Le télétravail pèserait sur l’innovation, pas sur la productivité ;
- Quand une grosse boite vire une chercheuse en éthique de l’IA, ça ne peut pas donner d’impression positive : A Prominent AI Ethics Researcher Says Google Fired Her. Plus de détails chez Numérama ;
- Formidable : un système de reconnaissance faciale dans une école appelle automatiquement la police quand il détecte un individu recherché ou une arme sur une caméra vidéo. Laquelle police agit en fonction, comme s’il s’agissait d’un appel au secours contre un individu armé. Sauf que le système fait beaucoup d’erreurs, en particulier lors qu’il s’agit de personnes de couleur, surtout les femmes. Ainsi, les femmes noires ont 16 fois plus de chance d’être victimes d’une erreur de reconnaissance du système que les hommes blancs. Quand il s’agit d’envoyer une patrouille de police pensant faire face à un tireur armé, ça pose un gros problème… (via Mozilla Beat). Cerise sur le gâteau, on notera que le budget alloué à cette vidéo surveillance dangereuse est généralement utilisé par les autres écoles pour moderniser leur parc informatique souvent vieillissant…
Ego trip
- J’étais invité à Futurapolis Planète pour parler de vélo. Les vidéos sont maintenant en ligne. Voici la mienne : Le vélo, cet ami qui vous veut du bien .J’espérais y échanger avec Eric Fottorino (journaliste, auteur, fan de vélo et pilote de Brompton) mais il a été touché par la Covid-19… Je lui souhaite un prompt rétablissement !
- J’ai publié un article sur Souveraineté et communs numériques. Je crois qu’il est important de souligner que les communs de la connaissance (logiciel libre, mais pas que, ça comprend aussi les données et contenus comme Wikipedia et OpenStreetMap) sont de précieux alliés si l’Europe veut retrouver une certaine souveraineté numérique et ainsi éviter de devenir une colonie numérique des USA et de la Chine…
L'énergie et le climat expliqués aux jeunes
November 2020, by Tristan[ —]Je découvre (avec beaucoup de retard) qu’il existe un MOOC Energie & Climat à l’attention des jeunes, produit par l’association Avenir Climatique et l’Association Bilan Carbone. Je viens de visualiser la Saison 1, et elle est vraiment bien faite. On pourrait dire que c’est comme le cours de JM Jancovici à l’école des Mines, mais moins pointu en terme de pré-requis scientifiques.
Ca se présente sous forme de 5 épisodes d’une vingtaine de minutes :
- MOOC Energie / Climat S01E01 : Nous sommes accros aux énergies fossiles
- MOOC Energie / Climat S01E02 : Combien nous reste t-il d’énergie fossile ?
- MOOC Energie / Climat S01E03 : Changement Climatique - Chaud Devant !
- MOOC Energie / Climat S01E04 : 2°C - Evitons l’ingérable, gérons l”inévitable !
- MOOC Energie / Climat S01E05 : Et maintenant qu’est ce qu’on fait ?
Tout l’intérêt est que contenu est très professionnel, bien présenté, bien filmé, avec les bonnes sources scientifiques et même le support associé (kit du conférencier). Par la suite, deux autres saisons vous attendent :
Allez hop, au boulot !
Allo Apple, on a un problème !
November 2020, by Tristan[ —]Voir la mise à jour en fin de billet avant de diffuser l’information (en gros, Apple fait marche arrière). Sinon, lire Les utilisateurs de macOS Big Sur pistés par Apple ? Ce n’est pas aussi simple…
Je découvre avec stupéfaction qu’Apple surveille les utilisateurs de Mac.
En effet, MacOS envoie silencieusement à Apple une empreinte (un identifiant) pour chaque logiciel que vous utilisez(mise à jour : c’est en fait un identifiant du développeur qui a fait le logiciel, pas le logiciel lui-même[1]). Cela fait plusieurs mois que cela dure. Il était possible de modifier ce comportement si on allait bidouiller dans le système mais visiblement, avec MacOS Big Sur (la nouvelle version qui vient de sortir), cela va devenir impossible à désactiver. Ah, et les nouveaux Mac ne fonctionne qu’avec Big Sur…
Bien sûr, l”excuse invoquée est la sécurité via la lutte contre les malware. Je ne nie pas que cela puisse avoir un intérêt pour les béotiens, mais cela doit être transparent et désactivable pour qui le souhaite.
Qu’est-ce que cela signifie ?
- À chaque fois qu’on lance une application sur un Mac, Apple récupère la date et l’heure, l’identifiant du développeur, l’adresse IP de l’ordinateur ;
- Cette information transite en clair sur le réseau, ce qui veut dire que des personnes mal intentionnées peuvent la récupérer
- Ces personnes, Apple en tête, savent qui a fait les logiciels que vous faites tourner sur votre ordinateur, y compris des logiciels sensibles comme par exemple Tor Browser.
De façon générale, c’est très inquiétant car les ordinateurs personnels, depuis leurs débuts, sont des general purpose computers, des outils sur lesquels on peut faire tourner les logiciels que l’on veut, quitte à les écrire soi-même. Avec un tel système, l’ordinateur se retourne contre son propriétaire.
Pour Apple, qui prétend respecter la vie privée, ça l’est encore plus. Alors Apple, on corrige le tir ou on retire sa page sur la confidentialité et on se met à copier Google ? On joue la transparence ou on enfume ses clients ? On permet de désactiver la fonctionnalité ou on force les utilisateurs (quitte à se prendre un shitstorm) ?
Mise à jour du 16/11/2020 08:30 :
Après publication de ce billet de blog et la levée de boucliers sur les blogs et réseaux sociaux, Apple vient de mettre à jour cette nuit son article Safely open apps on your Mac avec les modifications que j’attendais (merci Floflo530 pour l’info). On notera que l’essentiel est à ce jour une promesse dont il faudra vérifier qu’elle est tenue à l’avenir :
To further protect privacy, we have stopped logging IP addresses associated with Developer ID certificate checks, and we will ensure that any collected IP addresses are removed from logs.
In addition, over the the next year we will introduce several changes to our security checks:
- A new encrypted protocol for Developer ID certificate revocation checks
- Strong protections against server failure
- A new preference for users to opt out of these security protections
En vrac confiné
November 2020, by Tristan[ —]Spéciale dédicace à Laurent Seguin
J’apprends avec une immense tristesse la disparition de Laurent Séguin, un type atypique, bourré d’énergie, d’humour et d’une grande intégrité, promoteur du logiciel libre depuis toujours, impliqué dans plusieurs associations du logiciel libre (ancien président de l’AFUL). Laurent était aussi un compositeur de musique libre de talent, très éclectique. Par exemple, voici un titre d’électro Welcome et un titre de Flamenco-Métal, Burnenco. Laurent, tu vas nous manquer !
Citation du jour
Interview de François Jarrige, historien des techniques qui, dans son livre Face à la puissance : une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel (La Découverte, 2020), propose une définition du progrès :
le progrès, aujourd’hui, ce n’est pas tant utiliser des techniques toujours plus puissantes qu’avoir recours à des techniques adaptées aux limites environnementales et plus justes socialement
Sur la technologie
- Covid-19 : Les données personnelles récoltées par les restaurants revendues à des tiers en Grande-Bretagne ;
- On a testé… «/e/», le système d’exploitation Android mobile « dégooglisé » ;
- Apple, Google and a Deal That Controls the Internet, avec cette citation qui illustre la difficulté financière qu’il y a à concurrencer Google, en plus de la difficulté technologique : “Apple now receives an estimated $8 billion to $12 billion in annual payments — up from $1 billion a year in 2014 — in exchange for building Google’s search engine into its products. It is probably the single biggest payment that Google makes to anyone and accounts for 14 to 21 percent of Apple’s annual profits. That’s not money Apple would be eager to walk away from.” / « Apple reçoit entre 8 et 12 milliards de dollars par an pour mettre le moteur de recherche de Google dans ses produits. C’est probablement le plus gros payement que Google fait à quiconque et il représente entre 14 et 21 % des bénéfices d’Apple. Autant dire qu’Apple ne peut pas dire non à de telles sommes » ;
- Le très prometteur livre Technologies partout, démocratie nulle part Irénée Régnauld et Yaël Benayoun fait l’objet d’articles intéressants :
- Usbek & Rica : Et si les choix technologiques devenaient l’affaire de tous ? ;
- Libération : Tacler la tactique de la techno ;
- Prospective : en route vers une société futuriste high-tech ou low tech ? ;
- Ravi de voir le CIGREF (Club informatique des Grandes Entreprises Françaises) s’engager pour la sobriété numérique - Sobriété numérique : une démarche d’entreprise responsable ;
- « Il faut passer d’un numérique instinctif à un numérique conscient et réfléchi » ;
- Interview de Moxie Marlinspike, créateur de la messagerie sécurisée Signal : Taking Back Our Privacy. Il nous en faudrait plus, des gens comme ça !
- C’est vieux mais c’est toujours bon en terme d’ordre de grandeur : Mise en perspective des impacts écologiques du numérique. Une façon intéressante de répondre à ceux qui vous disent d’effacer bien tous vos mails (mais s’achètent le nouveau smartphone tous les ans) ;
- Numérique écologique : une transition du digital s’impose, dans un media que je découvre, TheGood.fr ;
Complètement en vrac
- Ariel Kyrou : « Même dans les pires situations, la science-fiction ouvre le champ des possibles » ;
- Vous voulez changer de métier ? Les clés pour réussir votre projet ;
- Discours de John McCain reconnaissant sa défaite face à Obama. La très très grande classe. À ne surtout pas rapprocher de la situation de 2020 !
- « L’article 24 de la future loi “sécurité globale” menace la liberté d’informer », alertent des sociétés de journalistes ;
- C’est long et vraiment pas bon : Censure de photos, drones, reconnaissance faciale… déluge sécuritaire à l’Assemblée ;
Sur le climat
- Interview d’Olivier Fontan sur le rôle et l’impact du Haut Conseil pour le Climat par Bon Pote. Comme toujours ou presque, un must read. Juste un extrait pour vous mettre l’eau à la bouche : « La compensation (de CO2), (…) cela relève plus du commerce des indulgences au XVème siècle qu’à de l’action climatique raisonnée » ;
- Convention citoyenne pour le climat : l’occasion manquée du projet de loi de finances. « Les mesures de la convention ont été édulcorées au maximum : il en reste l’habillage, mais il manque le contenu. C’est une occasion manquée, car le projet de loi de finances fait partie des textes-clés pour mettre en œuvre la transition écologique. ». Ça s’est vu, d’ailleurs : Face à Macron, les citoyens de la Convention pour le climat se rebiffent.
- France Stratégie (Commissariat général à la stratégie et à la prospective) vient de publier un nouveau document de travail : Maîtriser la consommation énergétique du numérique : le progrès technologique n’y suffira pas (PDF, 2,62 Mo). Tout est dans le titre, dans un monde où on doit ;
- C’est vieux, mais c’est toujours très bon : Décryptage d’une erreur devenue virale. Dans un vieil article du Guardian, le directeur du Potsdam Institute for Climate Impact Research déclare que dans un monde à +4°C en 2100 (qui est ce qu’on aura si on continue comme maintenant) on ne pourrait plus avoir qu’un milliard de personnes, voire la moitié sur la planète. Il faut savoir que nous approchons des 8 milliards et qu’on estime que la population mondiale devrait monter au XXIe S. À 10 milliards de personne. Donc redescendre à 1 milliard voire 0,5 milliard, c’est diviser rapidement la population par 10 ou 20 en quelques décennies. Une vraie boucherie… En fait, il a déclaré “Eight billions” et le journaliste a compris “a billion”. Bref, il estime que ça redescendrait à 8 milliards, voire 4 milliards. Recontacté, il a confirmé ces chiffres, mais la correction du journal est passée inaperçue et le chiffre de 0,5 à 1 milliard est resté et s’est diffusé. Néanmoins, même avec le bon chiffre, ça restera une boucherie. Passer de 10 à 8 ou 4 milliards en 20, 30 ou 40 ans, c’est vraiment monstrueux, parce que ce ne sont pas des morts naturelles. C’est pour ça qu’il faut se bouger pour le climat. Dès maintenant ! Pour ceux que cela intéresse, voici l’étude Global risk of deadly heat parue dans Nature ;
- Bon travail à première vue de Clubic : Recharge par induction : simple gadget ou technologie providentielle pour les véhicules électriques ?. Je vous spoile : « Des atouts indéniables, des inconvénients rédhibitoires » (pertes énergétiques, standards divergents, coût d’infrastructure dans le cas de la charge par la route alors qu’on roule) ;
- Se libérer du consumérisme ;
- Une des conséquences déjà visibles du changement climatique : les stations de ski ferment les unes après les autres. Une station démontée pour tourner la page du ski alpin ;
- Dans ce rapport, Real-world usage of plug-in hybrid electric vehicles, on apprend que les véhicules hybrides rechargeables consomment et émettent beaucoup plus que ce qui est prévu. 2 à 4 fois plus ! C’est encore pire pour les véhicules de société : leurs conducteurs ne se servent quasiment pas de la possibilité de recharge (et donc de réduire les émissions) car leurs conducteurs passent l’essence en note de frais ;
- Un livre que je n’ai pas lu mais dont le sujet est intéressant : Being the change, live well and spark a climate revolution ;
- La pollution de l’air coûterait 1600 euros par an et par habitant à Paris et « la pollution de l’air coûte 166 milliards d’euros par an en Europe » en comptant « les coûts directs liés aux soins et indirects comme la réduction de l’espérance de vie ou des maladies comme les bronchites chroniques graves » ;
- Dominique Méda : « Le changement climatique nous oblige à revoir nos connaissances, y compris en sciences économiques » ;
- Plusieurs ONG et Carbone4 ont passé au crible l’impact des actifs des banques sur le climat. L’argent des Français émet 8 fois plus de Co2 qu’eux ;
- National Geographic : Entretien exclusif avec Greta Thunberg ;
- Pour ceux qui dépriment face au changement climatique (ou appelle cela éco-anxiété ou solastalgie), une psychologue a tiré de son expérience un site : www.psychologie-et-climat.fr. Je n’ai pas tout lu encore, mais j’y retrouve avec plaisir des références communes, par exemple sur la courbe du deuil ;
Sur le vélo
- DansMonRayon.fr, une initiative de l’équipe de l’excellent Geovelo.fr pour trouver une balade à vélo près de chez vous (à moins d’un km et moins d’une heure) ;
- Je découvre que chez BL Évolution (cabinet de conseil), on propose un vélo de fonction, et c’est classe !
- Vendredi, depuis mon ordinateur, je vais participer à Futurapolis.